Baromètre Agrodistribution-ADquation La consommation d’azote toujours en berne
Les agriculteurs semblent à nouveau utiliser les engrais azotés avec parcimonie cette campagne, selon notre baromètre annuel. La forte baisse des prix pourra-t-elle inverser la tendance ? Éléments de réponse avec deux directeurs de centrales d’achat.
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Pour la campagne 2022-2023, les consommations d’azote ne semblent pas reprendre de la vigueur. Les dernières statistiques de l’Unifa estiment à fin janvier un nouveau recul de 17 % des livraisons d’engrais azotés simples et à 25 % de l’élément azote. Ceci intervient après deux campagnes en fort retrait, où l’élément azote a baissé de 18,1 % en 2020-2021puis de 7,7 % en 2021-2022.
Notre baromètre Agrodistribution-ADquation réalisé autour de la mi-mars appuie cette tendance puisque 41 % des agriculteurs interrogés envisagent d’utiliser moins d’azote cette campagne, notamment dans le Centre (47 %). A contrario, seuls 5 % comptent en épandre davantage, particulièrement les éleveurs (10 %). Et près de la moitié, 47 %, envisage d’en consommer autant que lors de la campagne précédente. Cette proportion est d’ailleurs plus élevée chez ceux ayant plus de 50 ha de blé tendre (59 %), chez ceux ayant plus de 150 ha de SAU (54 %), ceux qui exercent en orientation grandes cultures (56 %) et dans l’Ouest (53 %). Au global, on peut donc s’attendre à une nouvelle baisse importante sur cette campagne 2022-2023.
Du réappro dans l’Ouest, moins dans le Sud
Dans le Sud-Ouest, Pascal Ramondenc, directeur de la centrale Axso, confirme un recul de la consommation d’azote (mais aussi des autres éléments) sur son périmètre. « Le premier apport a eu lieu avec trois semaines de retard et en moindre quantité », indique-t-il, sans se prononcer sur le niveau de baisse, l’inconnue majeure étant la sole réelle de maïs à venir, qui s’annonce d’ores et déjà en retrait.
Odile Bernard, directrice par intérim du réseau de négociants Fertireco depuis le départ, début mars, de Pascal Prudhomme, quelques mois après son arrivée, est moins alarmiste, du moins en azote. « À périmètre constant, et si on raisonne en unités d’azote, nous n’avons pas baissé par rapport à 2020-2021 (2021-2022 n’étant pas une bonne campagne de référence). Certes, les ammonitrates sont en retrait de 19 % en deux ans, mais la solution azotée est en hausse de 15 %, l’urée de 73 %, et les ventes d’urée imprégnée ont doublé. L’urée a donc pris des parts de marché sur notre zone très marquée ammonitrate 33,5. » Est-ce tendanciel ou conjoncturel ? En tout cas, elle craint une poursuite de la prise de parts de marché de l’urée en cas de bons rendements cette année.
« Il est cependant à noter, ajoute-t-elle, que le réapprovisionnement, très majoritairement en ammonitrate, est important depuis cinq semaines, en lien avec la baisse significative des prix. » Le cours de l’ammonitrate est en effet passé en un mois de 500 €/t départ usine à moins de 350 €/t. Pascal Ramondenc ne s’attend pas, en revanche, à un fort réappro dans le Sud-Ouest.
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